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Marc Jeannerod-" Energie et homéostasie, concepts fondateurs de la psychanalyse et des sciences cognitives"

Energie et homéostasie, concepts fondateurs de la psychanalyse et des sciences cognitives

 

Marc Jeannerod

 

Nous aborderons cette question en étudiant la place dans la théorie freudienne de l’Esquisse de 1895 que Freud écartera de son œuvre, mais dont la relecture actualisée montre l’importance pour la théorie psychanalytique. On peut lire aujourd’hui ce projet comme une tentative de Freud pour formuler de manière rationnelle, dans le langage de la physiologie de l’époque à défaut d’une langage psychologique adéquat, donc au prix d’un certain réductionnisme, le fonctionnement psychique tel que sa pratique clinique, confronté à la psychopathologie, la lui révèle. Sans analyser ce que la théorie psychanalytique doit au projet de l’Esquisse, il est possible d’en repérer la continuité conceptuelle dans les théories métapsychologiques ultérieures, et les modèles à venir de l’appareil psychique. Une des idées maîtresses de l’Esquisse, la séparation entre les processus de perception (par les neurones phi) et les processus de mémoire (par les neurones psi), se retrouvera au centre du modèle psychanalytique. De même, la conception de l’autorégulation a une longue carrière dans la pensée freudienne, puisqu’on la retrouve pratiquement inaltérée dans des textes tardifs. L’héritage de l’Esquisse concerne aussi les hypothèses psychopathologiques fondatrices de la psychanalyse comme l’Inconscient, issues de la pratique freudienne.

Nous tenterons de montrer comment a psychanalyse s’est éloignée de la psychologie scientifique, en partie du fait du développement du béhaviorisme qui a contribué à la couper du courant freudien " scientifique " et à la rapprocher des sciences humaines. Cette situation a toutefois évolué avec la mouvance des sciences cognitives. Dans l’hypothèse d’une continuité de l’oeuvre freudienne, la psychanalyse serait en effet bâtie, au moins en partie, sur un projet naturaliste voisin de celui des sciences cognitives. Mais quel sens donner à cette similarité ? Les sciences cognitives et la psychanalyse partagent-elles un objet ou un projet commun ? Les positions des psychanalystes varient sur ce point, comme le montre le débat entre Pribram et Gill. Le premier, neuropsychologue, souligne l’actualité de la psychologie scientifique freudienne et appelle donc à une rapprochement entre psychanalyse et neurosciences cognitives autour d’un projet scientifique commun. Le second, psychanalyste, critique l’illusion du projet naturaliste initial pour reconnaître la spécificité de la psychanalyse en tant que pratique, et invite à débarrasser la théorie de ses prétentions naturalistes et de son réductionnisme scientifique pour n’en retenir que la portée clinique. Tel est bien toujours l’enjeu actuel. Kandel fait remarquer que l’observation clinique de malades individuels ne peut plus constituer la seule base de la théorisation psychanalytique, si la psychanalyse veut rester (ou redevenir) ce qu’elle a été à ses débuts : une méthode d’investigation du fonctionnement psychique.

L’actualité des recherches en sciences cognitives donne l’occasion d’illustrer ce problème. Psychanalyse et sciences cognitives partagent en effet au moins un champ d’expertise commun, celui des relations intersubjectives. Ce terrain de la communication entre individus et de l’intersubjectivité offre donc l’occasion d’une confrontation sur l’apport spécifique respectif de la psychanalyse et d’autres approches théoriques ou expérimentales à la connaissance du psychisme humain.. Toute théorie psychologique complète se doit en effet d’aborder la relation entre individus, la psychologie à deux ou à plusieurs. Spécifiquement humaine, cette relation est de plus le lieu d’une bonne partie de la psychopathologie. Deux courants s’opposent dans leurs tentatives respectives de décrire le lien interhumain. D’un côté, les conceptions faisant un large part au lien vécu entre deux personnes et où toute distance entre les protagonistes tend à s’effacer ; de l’autre, la conception objective de la psychologie cognitive qui maintient cette distance entre observateur et observé

Dans la théorie psychanalytique, la relation intersubjective est doublement fondatrice : d’une part, sur le plan ontogénétique, elle structure le développement psychique de l’enfant et constitue le pivot de la dynamique intrasubjective ; d’autre part, et surtout, sur le plan pratique, elle devient le centre de la relation thérapeutique dans la cure, le psychanalyste et son patient formant une unité où les deux psychismes interagissent (voir plus loin). C’est une des forces de la théorie psychanalytique que d’avoir mis l’accent sur le rôle du lien interindividuel à une époque où la psychologie objective, béhavioriste, n’offrait qu’un point de vue solipsiste, celui de l’adaptation de l’individu à un environnement constitué de stimuli demandant des réponses, ou source de problèmes à résoudre.

Ce qui justifie la comparaison entre théorie psychanalytique et psychologie cognitive est l’importance que l’une et l’autre attachent aux mécanismes de la relation interindividuelle. A cet égard, il est instructif de retracer brièvement l’histoire d’un concept devenu aujourd’hui opératoire dans le contexte des relations entre individus, le concept d’empathie (Einfühlung) des philosophes allemands du milieu du XIXème (voir Pigman).  Un des auteurs qui ont le mieux développé ce concept, Théodor Lipps, qui le considérait comme un concept-clé en psychologie et en sociologie, en faisait un des mécanismes de base de la connaissance de soi-même et des autres. Nous ne pouvons en effet comprendre les autres par la voie de la perception, qui ne peut nous révéler leurs sentiments, leurs intentions ou leurs désirs ; ni en procédant par analogie, en projetant sur eux nos propres expressions (que nous ne percevons d’ailleurs pas). Pour Lipps, le fait de voir une expression sur un visage réveille en moi " automatiquement " les influx nécessaires à la production de cette expression. Ces influx induisent en moi l’état affectif interne correspondant à cette expression. Autrement dit, les impulsions motrices induites par la vue de l’expression sur le visage de l’autre incluent la tendance à ressentir cet état affectif. La vision de l’expression correspond à un " début d’imitation ", une " imitation interne ". C’est par ce moyen, pensait Lipps, que nous devenons conscient de l’existence des autres.

Freud avait fait appel à de nombreuses reprises au concept d’Einfühlung, qu’il utilisait alors dans le sens de " se mettre à la place de l’autre et tenter de le comprendre ". " Avec la perception d’un geste déterminé, dit-il dans Le mot d’esprit et sa relation avec l’inconscient, est donnée l’impulsion de le représenter par une certaine dépense. Ainsi donc, en accomplissant l’acte de ‘vouloir comprendre’ ce geste, d’en avoir l’aperception, je me comporte... tout à fait comme si je me mettais à la place de la personne observée " (p 343). Dans le cas d’un geste comique, c’est la comparaison entre le geste observé et la représentation du mien propre (que j’aurais moi-même accompli à sa place) qui est source de comique et déclenche le rire. " L’origine du plaisir comique... provient de la comparaison entre l’autre personne et notre propre moi – c’est à dire de la différence quantitative entre la dépense d’empathie et la dépense propre... " (p 346). Plusieurs exemples très explicites sont donnés sur cette notion de différence quantitative : c’est ainsi que la différence entre un mouvement attendu par un spectateur et ce mouvement effectivement réalisé par l’acteur peut être source de comique, quand, par exemple, " je prends dans une corbeille un fruit que je crois lourd mais qui, pour me tromper, est un objet creux, une imitation en cire. En partant en l’air, ma main trahit que j’avais préparé une innervation trop grande pour la fin visée, et c’est pour cela qu’on rit de moi " (p 349).

On remarquera ici que Freud reprend presque textuellement la description du mécanisme de comparaison qu’il avait proposé en 1895 dans l’Esquisse pour expliquer l’accumulation et la décharge d’énergie psychique génératrice de satisfaction des désirs, et qui a été évoqué plus haut. Selon ce mécanisme, l’investissement du souvenir déclenche une attente, qui est ainsi comparée à la réalité perceptive : lorsque attente et réalité coïncident, la décharge se produit ; lorsque les deux ne coïncident pas, la recherche de la satisfaction se poursuit. Dans l’exemple donné par Freud, celui du bébé qui recherche l’image désirée du sein maternel, c’est la discordance entre l’image désirée et l’image perçue qui provoque des mouvements du bébé jusqu’à ce que la concordance soit réalisée. Ce même modèle a depuis été utilisé dans différents contextes, comme celui du contrôle de l’action, par exemple (voir Jeannerod, 1994). En psychopathologie, plusieurs auteurs en ont fait un des piliers de leur explication de l’anxiété (Gray, 1982) ou de la schizophrénie (Frith, 1992).

Cette notion d’un état désiré, représenté à l’intérieur du système psychique et servant de référence pour la recherche de la satisfaction du désir, est également familière aux tenants de la psychologie cognitive. Dans le domaine des relations intersubjectives, la notion de l’autre virtuel chez C. Trevarthen en est directement issue. Le bébé semble en effet posséder à un stade très précoce une image (une représentation) de l’autre, qu’il cherche à confirmer par des actions en direction de l’environnement. La réponse de l’environnement, si elle est positive, renforce cette image ou, dans le cas contraire, l’affaiblit. Les résultats des analyses de films réalisés par Trevarthen vont bien dans ce sens, en montrant que les séquences d’interaction mère-enfant (regards, mimiques, vocalisations) débutent en général par une intervention de l’enfant (Trevarthen, 19938).

 Depuis, la psychologie cognitive a élaboré de nouveaux concepts pour rendre compte, dans un cadre plus large, du fonctionnement des relations inter-individuelles. L’idée directrice est que chaque adulte dispose d’une compétence, d’une " théorie de l’esprit ", qui arrive à maturité chez l’enfant vers 4 ans. Cette compétence lui permet de lire l’esprit des autres (mind-reading), de leur attribuer des états mentaux éventuellement différents des siens et donc de réaliser que les autres ont, eux aussi, un Je. Notons qu’il existe deux conceptions de la " théorie de l’esprit " : l’une postule que la capacité de mind-reading est un savoir acquis par l’expérience, fondé sur la connaissance qu’il existe chez les autres et chez soi-même des états mentaux que l’on peut prédire et expliquer comme on cherche à expliquer d’autres phénomènes de la nature. C’est donc à partir d’un raisonnement théorique et de lois tacitement admises que l’attribution d’états mentaux peut avoir lieu. L’autre conception, au contraire, postule que le mind-reading est un phénomène instinctif, dont les mécanismes, encore mal connus, se déclenchent automatiquement pour réaliser une simulation de l’état mental de l’autre, à partir des éléments observés dans son comportement. Cette conception " simulationniste " de la théorie de l’esprit est évidemment très proche de celle de l’Einfühlung telle qu’elle était décrite par Lipps et connue de Freud (voir Gallese et Goldman, 1991).

Ainsi, l’utilisation combinée des notions de représentation et d’empathie, commune aux deux approches de la  psychanalyse et de la psychologie cognitive, constitue-t-elle un moyen puissant pour comprendre comment se construisent et opèrent les relations interindividuelles. On peut à juste titre se demander pourquoi ces notions, alors même qu’elles étaient présentes et fonctionnelles chez les psychanalystes, n’ont pas subi entre leurs mains la même exploitation et produit les mêmes effets qu’entre les mains d’autres écoles psychologiques. A l’évidence, la psychanalyse tenait là un moyen de vérifier et d’opérationnaliser plusieurs de ses concepts fondateurs, en utilisant une méthodologie dont la scientificité n’aurait pu être discutée. Cette occasion manquée tient peut-être moins aux différences dans les conditions d’observation et de pratique inhérentes à la psychanalyse, qu’à son irrépressible tendance à privilégier une construction théorique qui fait l’impasse sur des mécanismes vérifiables et quantifiables, en somme à rester dans l’ordre du logos et de la proclamation.

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